09 janvier 2004

 

Post littératuro-cinémato-feignant
Lost in the dérive

Fond sonore : Zop hopop, "Ashes to ashes" (Interlude, 2003, surprenante reprise acoustique introuvable en France mais audible sur la meilleure radio du monde, outre-Quiévrain)
Je porte : les joues roses (j'ai fait la bise à une célébrité, aujourd'hui, permettant enfin au versant midinette de ma personnalité de s'exprimer librement après avoir été opprimé pendant des années)
Atmosphère : encensée
In the mood for : reading
Say the word : philharmonique


Définition du bloggeur-diariste, par Yves Simon.

"Ils se sentent curieusement là et pas là.
Là, parce qu'ils vivent, qu'ils respirent et que leurs yeux disent que c'est une ville qui est autour d'eux, avec des immeubles, des voitures, et des gens qui leur ressemblent : anonymes.
Absents, parce qu'ils ne comprennent pas grand chose à tout ça, à ce bruit, à cette gesticulation. Ils n'en finissent pas de chercher dans les choses et les êtres des réseaux qui les rassurent, les assurent d'être là où ils sont, seuls spectateurs d'eux même, et pouvoir dire qu'aujourd'hui ils ont frémi en voyant le coucher de soleil sur la Seine, depuis lePont-Neuf, ou tremblé à l'écoute d'une scie musicale du métro de la place Clichy...'Des images et des sons qui ne venaient ni d'un concert ni d'un film, elles étaient miennes, en ces lieux, dérisoires, à personne d'autre'



Définition de la cyclothymie, par Yves Simon.

" Il n'y a aucune plaie sur leurs corps, ni de sang aux commissures de leurs bouches. Leurs visages sont clairs, nets, et leurs regards intenses. Ils semblent plein de vie, avides de beautés, de voyages, de douceurs. Leur souffrance est ailleurs. Pas non plus dissiulée à l'intérieur d'un organe vital et leur coeur bat à un rythme régulier, celui des sportifs, mais sans emballement excessif. Un mal, vague. Comme un vêtement trop lâche ou trop étriqué qui les gêne à certains moments, au dernier, lorsqu'il s'agit de s'asseoir ou de courir. Un mal de l'extérieur qui révèle un mal obscur enfoui à l'intérieur. Des bouffées invisibles rôdent autour d'eux et font alterner rires et effondrements."


Critique de Lost in Translation, par Yves Simon.

"-Certains, par manque de technicité, restent ancrés à l'intérieur d'un monde, leur monde, où ils vivent, et dont ils connaissent tout : les fleurs, les parfums, les arbres, les herbes bénéfiques, les plantes vénéneuses, les animaux, les traces dans les sables ou sur la terre des marais, la topologie... Et pour eux, l'Histoire dont on parle est ailleurs et les effleure à peine. D'autres, bien que surarmés de technologie, radio, TV, fax, téléphone, s'en trouvent tout autant exclus tant la machine-monde à fabriquer de l'Histoire leur paraît dissociée de leur vie, lointaine, exotique, étrangère. le malheur pour eux, contrairement aux précédents, est qu'ils n'ont aucune technique pour entrer dans le monde, même local, qui est le leur...
-Où se trouvent-ils alors?
-A la dérive ! Perdus leurs sentiments, leurs connaissances ou la capacité à capter des séquences de bonheur ou des séquences de malheur..."



Moralité : n'espérez pas trouver de réponses dans La dérive des sentiments (Yves Simon, Grasset), ni dans Lost in Translation (Sofia Coppola, une fille de digne de son nom, pas comme la petite Sarah Lelouch, quoi que Lelouch...) mais le vague sentiment de ne pas être seul.


Bidibi posted this at 23:44.


06 janvier 2004

 

Mamie blues
E dans l'A

Fond sonore : Supergrass, "Mama and Papa"
Je porte : du bleu ciel du Nord
Atmosphère : un peu triste
In the mood for : walking
Say the word : tergal


Elle a le visage grave des gens qui ont vu deux guerres
Les lèvres pincées, cet air sévère qui terrorisa des générations d'élèves au collège St J.
Des cheveux roux soigneusement crantés
La mise nordique, le corps robuste des femmes du Plat pays
Elle porte toujours des robes austères, taillées dans un tissu fait pour durer
Elle a cet éternel fiancé petit, distrait, rêveur,
A eux deux ils prouvent que les opposés s'attirent
Et peuvent vivre ensemble soixante-sept années
Elle a dans ses veines un quart de sang bleu qui fait de moi un seizième de vicomtesse
Noblesse oblige
Elle règne en maître sur sa batisse tout en hauteur
Elle regarde les vieux David Lean et le journal télévisé
Elle me demande toujours si je fais attention quand je rentre chez moi le soir
Et que ce serait tellement mieux si j'avais un gentil fiancé pour me protéger
Elle dit des mots comme "béguin" et "fréquenter"
Elle ne comprend pas qu'il faille essayer plusieurs fois avant de trouver le bon
Elle, elle l'a trouvé à la sortie de l'Eglise, un dimanche, missel à la main gantée de blanc
La semaine dernière, on lui a installé un lit dans le salon
Parce que fragile
Parce qu'usée
Parce que malade
Parce que c'est normal à cet âge, vous savez, mademoiselle
Un hôpital verdâtre
"Alors ma petite Mamie on va faire sa petite toilette?"
La femme en blanc lui crie dans les oreilles
A tu et a toi
Elle lui donne du "petite" à tout va
Mais ce n'est pas ta grand-mère
Et ce n'est pas non plus une petite chose fragile
Ce n'est pas un enfant et parfois je me demande si elle le fut un jour
C'est une femme respectable
D'âge très respectable
Elle est restée sonnée dans son fauteuil
Elle a repoussé le déambulateur : "c'est bon pour les vieux !"
Elle a quatre-vingt douze printemps

Elle m'a dit samedi
"Tu savais que de la naissance à la mort, la seule partie du corps qui ne change pas ce sont les yeux?"
Elle les a bleu clair
Et porte un prénom de jeune fille d'aujourd'hui :
Laetitia


Bidibi posted this at 21:41.

 

Le deuxième de l'année
Constat clinique (2)

J'ai pas assez de sous pour aller voir les White stripes le 1er février. Snourgl. La vie est trop zinjuste.


Bidibi posted this at 00:12.


05 janvier 2004

 

Le premier de l'année
Constat clinique

Ce midi, un sushi a eu ma peau.


Bidibi posted this at 21:04.


04 janvier 2004

 

Une ville en hiver
Post-partyum

Fond sonore : An Pierlé "Are friends electric?" (Helium sunset)
Je porte : mon peignoir presque-parisien
Atmosphère : maussade
In the mood for : walking
Say the word : scintiller


Au milieu d'un flot de paroles dans une langue étrange et belle, le vieil homme à la peau mate, debout dans le couloir d'un train grandes lignes, s'exclame soudain :

"Voilà, c'est la gare du Nord"

Sur le quai, mon manteau frôle les sapins de Noël recouverts de neige artificielle et fait choir un gros noeud en aluminium rouge devenu aussi désuet que les feuilles sur les arbres en automne.

Je n'ai pas hâte de retrouver la céramique blanche du métro parisien. Quand je reviens du Nord, mon regard s'y promène sans conviction.

Je m'engouffre dans un taxi. Premier miracle de l'année : mon chauffeur est plutôt taiseux. Je peux contempler en paix le Paris post-partyum. Ca et là, quelques canettes vides. Lampions entretenant encore un peu l'esprit festif. Vitrines décorées avec plus ou moins de mauvais goût.

Arrive ma rue, vide. Le digicode a toujours des ratés. Comment ouvrir dignement une porte par le bas?

Mon étage, chaleur tropicale. Mon appartement, nid douillet, ilôt de solitude dans mon océan de passions. Ou d'illusions. Pas envie de démêler tout ça. Mon sapin de Noël, soudain grotesque, perché sur mon bureau.

Les fêtes de fin d'année sont comme ces machines qui font repartir les coeurs. Et quand la vie coule de nouveau dans les veines du malade, on le débranche. Dans les rues blanches du mois de janvier, il se pose des questions cruelles. "Nos joies étaient-elles artificielles?"

Il fait si froid que mon coeur est engourdi.

Demain je m'en irai me mêler à la foule, à vous tous qui errez chaque matin sous Paris.
Deux changements.
Puis j'émergerai au bout d'une ligne de métro dans le froid piquant de janvier.
Rue d'Alésia, je croiserai, sur un matelas crevé, deux clochards endormis. Glacés.
Un soir, j'irai au cinéma du côté d'Opéra.
Au coin du boulevard des Italiens, il y aura un vendeur de chauds marrons. Glacé.
A la fin de la semaine, alors que notre connaissance commune reviendra de son séjour américain, je croiserai tes yeux bruns sombres où luisent parfois encore les soleils de l'Afrique où tu as grandi.
Ton regard sera comme le reste. Glacé.

Tout est glacé en janvier. Et je n'aurai guère que 24 bougies pour me réchauffer un peu.


Bidibi posted this at 21:15.

 

Les liens de l'écume

L'écume des blogs

Résidence secondaire

The naked truth

L'écume d'hier :

Retour vers mes grains de sable...

Le côté obscur de l'écume :

L'Ecume de mes fours

© Bidibi Jones-février 2003

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